Solidarité : les non-bénéficiaires plus nombreux que les fraudeurs

Solidarité : les non-bénéficiaires plus nombreux que les fraudeurs

Il serait bon que le Président du Conseil général et sa majorité s’intéressent aux travaux menés par les spécialistes dont les conclusions sont limpides : en matière d’allocations de solidarité, le non-recours est nettement supérieur aux fraudes constatées.

Ce n’est pas une raison pour abandonner toute poursuite contre les fraudeurs. Sous réserve qu’il s’agisse bien de fraude. Car à l’examen en Côte d’Or, de nombreux « fraudeurs » sont en réalité les victimes de la non-communication entre le Conseil général et les autres organismes (CAF,…). Faute de coordination et d’information, des bénéficiaires ont cumulé des prestations non compatibles en l’absence de tout contrôle entre 2009 et 2012.

Le département de la Côte d’Or comme tous les autres départements assurent en première ligne les solidarités intergénérationnelles. Son rôle d’amortisseur social en période de crise est essentiel. Et il est inacceptable de pointer du doigt certains comportements ou des situations très minoritaires pour mieux stigmatiser l’abondance de « largesses » injustifiées.

Le montant mensuel du RSA ne constitue pas une « rente » très élevée. Pas plus que les autres sommes versées au titre de la Prestation de Compensation du Handicap ou de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie. En réalité, le département n’a pas le choix des sommes et des allocations versées : elles sont de droit quand une personne répond aux conditions pour en bénéficier. Le Président du Conseil général a-t-il fait estimer le nombre de bénéficiaires potentiels qui ne demandent rien alors qu’ils le pourraient en Côte-d’Or ?

Pour ce qui nous concerne, nous refusons d’entretenir un discours populiste droitier indigne et dangereux : les plus fragiles ne sont pas des « assistés-fraudeurs » qui profitent de « travailleurs surtaxés ». La solidarité n’est pas un vain mot.

La hausse mécanique du nombre de bénéficiaires du côté des dépenses et la stagnation des compensations apportées par l’Etat du côté des recettes constitue ce qu’on appelle l’effet ciseaux  sur les budgets départementaux. La vraie porte de sortie de cette impasse ne consiste donc pas à stigmatiser des « profiteurs » mais bien à retrouver des marges d’autonomie financière à l’exact opposé de l’endettement galopant pratiqué en Côte-d’Or depuis 2008 !

Tribune publiée dans l’édition de décembre 2012.

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