Retrouver ici l’interview de Mme Colette POPARD publiée par le Bien Public dans son édition du 22 septembre dernier.
A lire ci-dessous, en cliquant ici ou sur le site du Bien Public.
Colette Popard : « La Côte-d’Or est l’un des Départements les plus riches de France »
Soutenez-vous cette semaine de mobilisation de l’Assemblée des Départements de France (ADF) ?
« Non, pas du tout. Et, selon moi, il est même scandaleux et choquant d’utiliser les moyens financiers de l’ADF pour faire de la politique politicienne. Je rappelle, quand même, qu’il s’agit d’une association subventionnée par les collectivités, donc avec l’argent des contribuables. Le groupe de gauche à l’ADF a d’ailleurs dénoncé cela, mais aussi tous les propos mensongers qui sont tenus à travers cette campagne. »
Pouvez-vous nous donner des exemples ?
« Prenons le RSA (Revenu de solidarité active, ndlr). En 2004, c’est le gouvernement Raffarin qui a choisi d’en décentraliser le versement et d’en donner la compétence aux Départements. Ce qui a généré des inégalités sur l’ensemble du territoire, compte tenu des différences de richesse entre tel et tel Département. C’est pourquoi le gouvernement actuel a proposé de recentraliser le versement RSA. Mais l’ADF a refusé. Et, aujourd’hui, elle dénonce le fait qu’il va y avoir des problèmes pour son versement. Donc, si elle refuse, c’est par pur calcul politicien. Pour ne pas dire que le gouvernement actuel fait des choses qui vont dans le bon sens. »
Que fait le gouvernement pour accompagner les Départements ?
« Un fonds d’urgence va être débloqué. Il est prévu dans la loi de finances 2017. Et aucun Département ne sera laissé de côté. Mais il faut aussi savoir que la Côte-d’Or est l’un des Départements les plus riches de France. François Sauvadet (président du conseil départemental, ndlr) doit donc comprendre qu’il faut d’abord assumer les compétences du Département. Prenons l’exemple de l’agriculture. Aujourd’hui, l’accompagnement de l’agriculture est de la compétence du conseil régional et non plus du conseil départemental. Il faut donc laisser les collectivités assumer les compétences qui sont les leurs. »
Cette année est tout de même particulière, avec le transfert progressif de certaines compétences lié à la fusion des régions…
« On peut dire cela. Mais les Départements ont été accompagnés par l’État. Concernant l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie, ndlr), ce sont 6 millions d’euros qui ont été versés au conseil départemental en Côte-d’Or, et ce dès le mois de mars. Donc, quand ils disent que les personnes âgées ne pourront plus être aidées à leur domicile, c’est faux. Pour le RSA, c’est la même chose. Comme lorsque l’on vous dit que les enfants ne pourront plus être gardés. D’abord, les gardes d’enfant à domicile et dans les crèches sont financées par la Sécurité sociale. Et le gouvernement finance massivement ces prestations. Mais, en Côte-d’Or, ce que ne dit pas François Sauvadet, c’est qu’il a supprimé les subventions pour les crèches de l’ensemble de communauté urbaine du Grand Dijon. Ce qui représente plus de la moitié des crèches du département. Donc, quand il dit “On ne pourra plus payer”, il ne paye déjà plus… Et puis, lorsque l’on regarde les propositions des candidats de droite pour la présidentielle, sans exception, tous annoncent un plan d’austérité et de réduction de la dépense publique. Entre 100 et 150 milliards d’euros d’économie selon eux. Où vont-ils prendre cet argent ? »
Entre les compétences transférées à la Région et celles qui le seront à la Métropole en 2018, avez-vous le sentiment que votre rôle d’élue départementale se réduit ?
« Non, car, même si sur la Métropole, la charge du Département sera allégée, l’autre partie du territoire aura toujours besoin de l’accompagnement du conseil départemental. C’est d’ailleurs ce qu’a commencé à faire François Sauvadet, alors qu’il ne devrait pas. À ce jour, les crèches, comme les PLAI (Prêts locatifs aidés d’intégration), qui concernent les citoyens les plus modestes, ne sont plus financés par le Département sur l’ensemble de l’agglomération dijonnaise. Donc, ce processus est déjà engagé en Côte-d’Or. À titre personnel, je pense que la Métropole est une très bonne chose pour le Département. Et en tant que conseillère départementale, je serai présente pour faire le travail sur le reste du territoire, dont on ne peut pas se désintéresser. »
Propos recueillis par B. L.