Le début de l’année a été marqué par une hausse du nombre de mineurs non accompagnés (MNA) en France. Plusieurs Présidents de départements ont souligné récemment le caractère explosif d’une telle hausse pour les collectivités (en charge de l’accueil et l’accompagnement de ces jeunes) et en ont appelé à l’État pour qu’il augmente les moyens de cette prise en charge. La maltraitance des enfants s’étant accrue depuis le Covid 19, les structures d’accueil sont en effet saturées et si l’augmentation de 30 % pour les quatre premiers mois devait se confirmer sur l’année, on voit mal comment les départements pourraient faire face.
Cette hausse du nombre de MNA advient alors même que la France est d’ores et déjà pointée du doigt pour la mauvaise qualité de leur accueil. Rappelons en effet que suite à des signalements de violations graves et systématiques des droits des MNA en France rapportés par plusieurs associations, l’ONU a décidé de diligenter une enquête ; la Défenseure des droits a également rendu un rapport sévère sur leur mauvaise prise en charge.
Si la situation nécessite donc un renforcement des moyens alloués par le gouvernement, il nous semble en revanche que, contrairement à la droite, porter l’accent sur une augmentation des effectifs de police et de gendarmerie pour gérer les flux aux frontières, ou de la justice pour accélérer les processus d’évaluation de la minorité, ne vise pas l’amélioration de l’accueil de ces jeunes, mais la limitation de leur prise en charge. Le Président de l’ADF va même jusqu’à regretter, en contradiction totale avec le devoir de protection des enfants, qu’une simple déclaration de minorité suffise à sol- liciter une mise à l’abri. Les mineurs non accompagnés : enfants à protéger ou migrants à contrôler ?
Tribune publiée dans l’édition de juillet 2023 du magazine départemental.